Mes souvenirs de la Plage Balgentienne
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MES SOUVENIRS de cette Plage Balgentienne
le Camping de Beaugency, indissociables de ma jeunesse.
Mes parents faisaient carrière à la capitale et possédaient la maison de famille acquise depuis de longues générations. Mon arrière grand-mère Tarsyle et la mère de Monique nous emmenaient à la plage tous les étés.
A pieds, nous traversions le pont. Je me rappelle de ces trottoirs restreints à certains endroits, nous obligeant à marcher l’un devant l’autre, surtout lorsqu’un tracteur avec sa remorque revenant des champs portait sa moisson à la coopérative. Des odeurs de graines, de paille séchée nous détournaient de nos projets de jeux de plage. Malgré l’interdiction des adultes, nous grimpions sur le garde-fou, oui, ce muret séparant la route de la Loire. Nous voulions voir les gros poissons que nous prendrions lors de la visite de nos parents le dimanche prochain.
Une parole de mon père me revient, ‘’tant que le vent remonte la Loire, nous aurons beau temps’’ .
J’ignore si cela est exact, mais cela servait de prétexte pour nos pêches infructueuses.
Je me rappelle de mes copains de camping et de ville, certains venaient en vélo des villages environnants, quelques étrangers de pays lointains étaient égalemen de passage. Qu’ils viennent d’Angleterre, de Hollande, voire de Suède au teint pâle, aux gros coups de soleil, autour d’un ballon de volley-ball, nous étions amis. Le toboggan était réservé aux petits, mon arrière grand-mère m’avait fabriqué un tapis afin ne pas me ‘’brûler’’ les fesses afin de mieux glisser. Oui, vous riez, mais c’était un sujet important la qualité du tapis. De même, si dans la nuit il avait plu, la glissade pouvait être interrompue au beau milieu du toboggan. Plus tard, bien sûr, comme "grands dadais" nous l’utilisions et les parents des petits rouspétaient.
Les maîtres-nageurs surveillaient les baigneurs. Les petits avec leurs parents étaient plutôt côté plage. Une grande étendue de sable, tout à loisir laissaient sans risque, les jeunes enfants courir, faire des pâtés, des châteaux de sable, avec des brindilles et de feuilles pris dans les fourrés avoisinants, nous faisions des ponts levis, des drapeaux que nous placions sur nos "Œuvres". Le niveau de l’eau descendait lentement, les petits pouvaient s’ébattre sans l’inquiétude des parents. Les "un petit peu" plus grands, apprenaient à nager, faisaient des sauts périlleux dans l’eau.
Le Dui, profond étaient réservé aux grands. Du haut du plongeoir, afin d’épater les filles, nous étalions nos prétentions. Les maîtres-nageurs organisaient des concours de natations, des matchs de water-polo. Ces messieurs, avec leurs musculatures, nous rendaient un peu jaloux. Les yeux des filles étaient un peu trop portés vers eux. Par protection, ces messieurs annonçaient qu’ils étaient mariés, et nos chances revenaient. J’avais un privilège, j’avais un canoë, Oui c’était un privilège, emmener une fille à "Flux", laissant entrevoir des échanges de baisers "sur la bouche".
Pour ceux qui ne savent pas où ce trouve le Flux, il s’agit d’une plage, plus précisément une grande étendue de sable en amont de la plage, un peu sauvage, où peu de gens venaient. A notre regard de gamin, il s’agissait une île déserte. N’allez pas croire que ce privilège était gratuit. Il fallait faire voir que je savais naviguer. Le courant et le vent n’étaient pas toujours mes amis. Pagayer dans cette situation, c’était se pavaner avec élégance. Comme le grand dadais que j’étais, je ne me rendais pas compte que la fille savait bien avant moi tout ce qui allait se passer dans "L'île Des Rêves". (C’est cela la jeunesse ! )
AU Camping,
... de tous âges, de toutes origines géographiques, de conditions économiques différentes,
,tous étaient présents sous leurs tentes ou leurs caravanes.
Bien des amitiés se sont formées dans cette espace de vie. Les parents jouaient à la belote, aux boules. Les petits prenaient leurs premières ‘’bûches’’ à vélo en montant sur des talus. "Les un peu" plus grands, armés d’une cane à pêche s’apprêtaient à retirer tous les poissons de la Loire.
Les mères profitaient du temps que leurs enfants jouaient sans risques pour échanger et rire avec leurs voisines. Les pères plongés dans une profonde méditation que l’on appelle ‘’sieste’’, rêvaient au lendemain matin où ils partiraient à l’aube pour partir à pèche pour nourrir leur famille.
Des touristes stationnaient quelques jours au terrain de camping, visitaient les Châteaux de la Loire et toutes nos merveilles, goûtaient nos fromages, nos vins, nos cailloux de Loire (bonbons en forme de cailloux). Tout cela amenait animation dans notre ville, les commerces profitant de cette manne de gens simples, mais heureux.
Je regrette que certain enfants ne puissent pas vivre mes moment si heureux empreints de tant d’insouciance
au bord de cette merveilleuse Loire.
Et je ne peux me retirer sans vous parler du ‘’Passeur’’.
Ce vieux monsieur habitait rue du Pont, en face de chez moi. Il était un ancien pêcheur de Loire et pendant plusieurs mois de l’année, il partait sur la Loire, dans son bateau à fond plat, tout goudronné, comme celui qui se trouve sur le quai de Beaugency. Le montant de sa retraite de pêcheur ne devait pas être très élevé. Je suppose aussi que lorsque l’on a passé toute sa vie sur la Loire, on ne peut la quitter, elle coule dans vos veines.
Comme nous tous, gens de bord de Loire, nous lui avons confié nos joies, nos peines. Combien de nos larmes il a essuyé, combien de confidences il a entendues...
Ce vieux monsieur, avec son bateau nous faisait traverser la Loire pour rejoindre la plage, il ne demandait aucune rémunération, mais chacun donnait suivant ses moyens.
Pendant la traversée, la main pendait le long du bord, nous sentions le courant filer entre nos doigts, l’air du large nous envahissait. Souvent, nous ramenions un peu de son goudron sur nos cuisses et sur nos vêtements...
…et un peu de ce sable dans nos chaussures…
Merci à vous Monsieur le Passeur ...
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