Nettoiement des rues

Origine

Le nettoiements disent les Jurisconsultes fait partie de l’entretien du pavé : purgatio, refectionis portio est (A) La pensée n’est pas difficile à expliquer, c’est que l’une et l’autre des deux parties ne peut se soutenir, si les soins de la police n’y concourent également ; pavé n’est fait que pour faciliter la propreté des rues, et la netteté devient impossible sans le pavé ; ainsi voilà une union respectable établie, et prise dans le principe de la chose même. D’un côté, si le pavé fait une partie considérable de la décoration des villes, de la commodité, et de l’utilité publique, comme personne n’en doute, le nettoiement a le même objet, et y joint encore celui de contribuer à la santé des citoyens. C’est un fait d’expérience que l’on peu dire être sensible et à la portée de tout le monde : il y a plus, c’est que l’importance de cette matière a mérité dans tous les temps l’attention des Souverains, et des premiers Magistrats ; il est aisé d’en voir les preuves, si l’on veut sans préjugé et sans dégoût suivre le détail de ce titre.

Les Anciens n’avaient trouvé qu’un avantage médiocre à parer leurs villes, s’ils n’avaient ajouté à ce grand ouvrage les soins du nettoiement ; aussi voyons nous que les Grecs chargèrent les Astunomesde cette police intéressante dans la ville d’Athènes (B) Après eux les Romains ont perfectionné cette portion du bien public, et leur premier Rois y ont contribués par des travaux et des penses presque incroyables.

L’histoire nous apprend que les Cloaques de Rome servaient à recevoir toute les immondices de la ville et que l’honneur de ce grand dessein fut déférer à l’ancien Tarquin, qui le premier fit travailler à ces ouvrages, si grands par eux-mêmes qu’on les regardés depuis comme des merveilles. Pline ajoute à cette expression, que l’entreprise fut si immense, que ce Roi y fit travailler les hommes et les femmes ; mais ils trouvaient l’ouvrage si pénible, que quelques-uns préféraient la mort à la dureté du travail. Le Prince trouva moyen d’arrêter ce désespoir, en ordonnant que les cadavres de ceux qui se seraient défait, seraient pendus à un gibet, et exposés à la vue de tout le peuple. Il ne fallut qu’un petit nombre pour exister le courage des Romains ; dans la suite, ils continuèrent et les portèrent à l’état de perfection qui leur a mérité de grands éloges (C) Denis d’Halicarnasse les met au nombre des trois magnifiques ouvrages que l’on remarque dans Rome entre tous les autres. In tribus magnificentissimis operibus Rome, é quibus maximé apparent illius imperii opes, pono Aque- ductus, Viarum Munitiones, et Cloacarum Structuras (D) Pline dit qu’à les bien estimer, c’était des merveilles inuoies, Verâ estimatione invicta miracula (E) Cet historien continuant de louer, est surpris de ce que l’on a peu venir about d’un si grand dessein ; comment l’on a pût percer les montagnes, et rendre la ville de Rome, comme suspendue en l’air sur des voûtes, qui n’étaient autre chose, au sentiment de Jean-Batiste Albert, que des ponts et des arches d’une grande largeur. Enim-vero Cloacam quid esse ego nihil aliud dixerim, quam Pontem, vel potius Arcum aliquem longè latissimum. Ce qui revient parfaitement à ce que écrit Strabon, qu’on pouvait aller en bateau au-dessous de toutes les rues.(F)

C’est cloaques recevaient toutes les boues et les immondices qui pouvaient être sur le pavé des rue, par les égouts et par les ouvertures qui y communiquaient d’espace en espace, par chaque rue ayant sa décharge particulier, et ne recevant point les eaux des autres rues : d’ailleurs les cloaques ne pouvaient jamais être remplis parce qu’ils était facile de les vider, et de les nettoyer quand on jugeait à propos, par ce moyen des canaux qu’Agrippa fit construire, et qui fournissaient de l’eau si abondamment, quelle entraînait par sa rapidité jusque dans le Tibre, tout ce qui se trouvait au passage. Il fut ainsi pourvût à la propreté des rues de Rome, par des dépenses excessives, et par de longs et de pénibles travaux. Pour conserver au public les avantages qu’il devait tirer, on chargea les Ediles* de l’entretien des cloaques, et des soins du nettoiement. Leurs principales fonctions dans cette partie, étaient de veiller à la conservation de ces ouvrages publics, et d’empêcher que personne ne jetât, ou ne laissât .....

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