L ' O I E DE LA S A I N T M A R T I N

Les Martinales ou description d’une médaille qui a pour titre

L'oie de Saint Martin »

Par A. L. MILLIN. M. DCCCXV. (1815)

A M. l’Abbé Francesco Cancellieri,

Directeur de l’imprimerie de Rome, prosigillateur de la grande pénitengerie.

Respectable ami,

La dissertation que j’ai l’honneur de vous dédier ne paraîtra peut-être pas assez grave pour mériter de vous être offerte. Le sujet que j’y traite n’est cependant pas tout a fait indigne de fixer l’attention d’un docte théologien, Elle a pour objet d’ôter à la fête d’un des plus grands saint de notre église ce qu’on y a mêlé de profane, et de confirmer l’opinion qu’elle ne doit son origine à aucune institution du paganisme. Des poètes célébrés (1) ont chanté les Martinales ; deux religieux distingués par leur savoir et leur piété dans les ordres rigoureux des Fréres Mineurs (2) et des Camaldules (3), un austère ministre luthérien(4), n’ont pas dédaigné de s’en occuper. Pourquoi ce sujet paraîtrait il absolument sans intérêt, Tout ce qui sert à découvrir l’origine des usages anciens, à en faire connaître l’histoire tient à cette espèce de culture qui fait l’ornement de l’esprit, et ne peut être tout à fait indifférent pour un philologue* et un antiquaire.

* Philologie : Chez les Grecs philologia ( pour la première fois dans Platon) désigne, conformément à son étymologie, la passion de la science, la cultures littéraire ou scientifique. Lors de la Renaissance, le mot « philologie » s’appliqua à toute connaissance relative à l’antiquité gréco-latine.

1 Le Mantouan, Pontanus, infra, p.20,23

2 Le Père Carméli, infra, p.11.

3 Le Père Costadoni, infra, p. 16. Ordre religieux, ainsi appelé du monastére de Camaldoli, situé pres de Florence, fut fondé par saint Romuald en 1012, et se consacra à la vie purement contemplative. Cet ordre a presque entièrement disparu dans le dernier siecle. Il y avait encore avant 1789 une abbaye de cet ordre à Grosbois près de Paris ( Seine et Oise)

4 John Frohmann, infra, p. 10.

N’avez vous pas vous même traité des jeux et des exercices gymnastiques de Rome moderne et Pontificale (1), des cérémonies de la fête de Noël (2) de l’usage des campaniles et des clochers (3), Ne préparez vous pas un curieux ouvrage sur les représentations du Carnaval et les fêtes de ce genre à Rome, N’avez vous pas traité des aveugle célèbres, des hommes doués d’une mémoire prodigieuse (4) et dans un agréable opuscule que vous m’avez fait aussi l’honneur de me dédier, des morts vivants (5), Mais, que dis je…, ne sait on pas que les sujets les plus frivoles en apparence ne sont pour vous que des occasions de verser avec profusion

oie verte

1 Circo Agonale. Roma, 1811, in-4°

2 Feste di Natale, 1814, in-8°

3 Campanili.

4 Uomini dotati d’una prodigiosa memoria, 1815.

5 Sopra la voce sparsa delle sue morte, 1812, in-8°

Les trésors de votre immense érudition, d’éclaircir des faits contestés, de publier des anecdotes agréables et inconnues qui enrichissent l’histoire des lettres et des arts. Continuez vos nobles et intéressants travaux ; mais, utile aux lettres, et cher à l’amitié comme vous l’être, abrégez vos doctes veilles, et ménagez vos force, afin de prolonger encore long-temps encore long-temps le mensonge de ceux qui, il y a trois ans, par une basse jalousie et une méprisable avarice répandirent le bruit de votre mort.

Vous connaissez mon amitié pour vous, et mon respect pour vos qualités et vos vertus.

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Les Martinales OIES

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