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Beaugency Histoire
31 juillet 2014

Voile de l'oblation

   LE VOILE

 

 

Voile de l’oblation.

« Pourquoi, demande Plutarque, se voile-t-on la tête en adorant les Dieux ? »

Anciens et modernes, désireux de découvrir les motifs des vieux usages, ont donné divers raisons de celui-ci. Différentes pratiques, empruntées au passé le plus reculé de l’Italie, nous obligent à les repousser. Voici tout d’abord la coutume Italique du printemps sacré, ver sacrum, sur laquelle nous somme renseignés par Festus.« Les Italiens, dit-il, lorsqu’ils étaient pressés par de grands périls, promettaient aux dieux d’immoler les êtres vivants qui naîtraient parmi eux aux printemps. Mais comme il parut cruel de tuer des petits  garçons et fillettes innocentes, on les laissait parvenir à l’age adulte, puis on les couvrait d’un voile et on les chassait du territoire » Nous avons ici un exemple frappant d’une devotio substituée à un sacrifice humain.

Les hypothèses faites jusqu’à présent sur l’usage du voile ne s’accordent pas d’avantage avec un autre cas de devotio, le châtiment des Vestales coupables.

 

Les Vestales n’étaient pas mises à mort : elles étaient abandonnées à la justice des dieux dans un caveau où on leur laissait même quelque nourriture. Or, Plutarque dans l’exposé qu’il fait de cette devotio, dit que la Vestale ensevelie vivante est complètement voilée.

Il existait à Rome, dans le vieux temple de la Fortune Primigenia, une statue représentant un homme assis, la tête voilée d’une toge qu’il était défendu de soulever. Il ne peut s’agir que de la statue d’un homme qui s’était voué en effigie à la divinité du lieu, peut être après lui avoir élevé un temple. L’idée de la consecratio, et en particulier de la consercratio capitis, s’applique très bien aux exemples que nous avons cités. L’adoration est un acte de soumission à la divinité. Celui qui subit les rites de la purification et de l’initiation se donne au dieu, se consacre à lui. Le rituel de la  devotio était si bien arrêté  à Rome qu’on l’observait presque sur les champs de bataille. Nous savons par  Tite-Live comment s’accomplit le sacrifice volontaire des deux Décuis.

 

L’usage de se voiler la tête dans la consecratio paraît aussi dans la cérémonie de la consercratio bonorum, par laquelle une propriété privée est attribue à un dieu.

Nous savons par Caton que le fondateur d’une ville, lorsqu’il traçait avec la charrue la ligne des murs, avait la tête couverte de la toge. Ici encore, en l’absence de tout sacrifice, c’est l’idée de la consécration qui du inspirer le rituel. Dés l’époque de Cicéron la devotio des Décius n’était plus qu’un souvenir historique .Mais l’usage de sacrifier la tête voilée se maintint jusqu’à la fin du paganisme et pas un Romain instruit n’ignorait dans quelle attitude les deux Décius s’étaient dévoués. Pompée et César mourant de mort violente, s’en sont l’un et l’autre souvenus. Du rite Romain de se voiler la tête, il faut rapprocher celui de se voiler la main droite, qui est attesté dans le culte très ancien de Fides. En sacrifiant à cette divinité, on se couvrait la main droite d’un voile blanc.

Arrivés à ce point, nous voudrions remonter plus haut encore et savoir pourquoi le fait de se voiler répond à l’idée de la dévotion. Mais ici plusieurs hypothèses sont possible et le terrain se dérobe. On peut dire, d’une maniéré générale, que le voile convient aux choses sacrées, parce qu’elles sont, et en conséquence, isolées du monde. Peut être aussi à une époque très ancienne, les victimes humaine étaient-elles sacrifiées avec le voile, comme on voile toujours, dans certains pays, les condamné à la peine capital ; mais les textes classiques sont muets à cet égard. On songe plus volontiers à la corrélation qui existe encore aujourd’hui entre la purification, la pénitence et le deuil. Quelle que soi, d’ailleurs, l’idée première, on ne s’étonne pas qu’elle ait suggéré des idées accessoires, une fois que le voile fut devenu comme l’emblème de la consécration religieuse. Ainsi, dans les mystères, le voile semble symboliser l’obscurité de la nuit où s’opère la purification, à laquelle la lumière de l’initiation doit succéder. On sait qu’à Eleusis les initiés passaient subitement d’une obscurité profonde et pleine d’angoisses à une clarté radieuse. Dans les initiations privées, l’obscurité, au moment de la purification, était obtenue à l’aide d’un voile. Ce rite semble avoir passé dans le christianisme primitif. A Jérusalem, le candidat au baptême était exorcisé la tête couverte et les yeux voilés ; c’est ce qu’affirme expressément saint Cyrille Junillus, au VI e siècle, dit que le catéchumène doit se montrer en public la tête voilée.

 C’est ici qu’il convient de rappeler les analogies très frappantes que présentent

Les cérémonies d’initiation et celles du mariage. Dans les unes et les autres, chez les païens, on prononce la même formule : « j’ai fui le mal, j’ai trouvé le mieux » Dans les unes et les autres interviennent le bain lustral, le van.

Mystique  le sacrifice d’un mouton ou d’un porc, la procession nocturne à la lueur des torches, le couronnement des fiancés et l’imposition du voile à la jeune fille. Qu’est-ce, en effet, que le mariage à l’origine ? sinon l’initiation de la fiancée au culte domestique de son époux. En Grèce et à Rome, la fiancée seule est voilée, parce que l’initiation n’a lieu que pour elle. Mais le christianisme, qui ne connaît plus les cultes domestiques, confère l’initiation a la fois aux deux conjoints ; aussi dans le mariage chrétien, pendant la bénédiction nuptiale, un voile est-il étendu sur les deux époux. « il n’y a pas bien longtemps, en France, on avait la coutume de tenir le voile étendu sur les époux pendant la bénédiction ; mais cet usage, n’étant pas marqué dans le rituel Romain, disparais de plus en plus » Dans l’Eglise Arménienne, le fiancé est voilé comme la fiancée d’un long voile rouge, le flammeum des Romains ; au moment de la cérémonie, le prêtre étend un long voile sur les deux conjoints. Suivant le rite Copte, ils sont recouverts par le prêtre d’un voile blanc. Enfin le voile d’initiation ou d’oblation, confondu avec le voile nuptial, est conféré, depuis le IV e siècle, aux vierges chrétiennes qui renoncent pour toujours au mariage ; on vit là, de bonne heure, comme le symbole d’une union mystique dont les hommes étaient naturellement exclus, puisque la vierge se donnait à l’époux divin. La prise de voile est restée, depuis quinze siècles, l’acte essentiel de la consécration virginale ; mais il est certain que le rite dont elle dérive est bien  plus ancien encore et répond à une idée plus générale. Une voie que l’on peut suivre, et dont nous avons marqué seulement les grandes étapes, relie cette cérémonie chrétienne aux usage d’un passé si lointain qu’ils semblent antérieurs, sinon au paganisme lui-même, du moins au polythéisme Gréco-Romain que nous connaissons.

Voir aussi  :  LE VOILE  Portières et Courtines

                   : LE VOILE des Femmes

                   : LE VOILE  Mains gantées

 

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