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Beaugency Histoire
31 juillet 2014

Le Voile des Femmes

Voile des Femmes

 

Tertullien a fait au voile l’honneur de lui consacrer tout un traité ; et ce thème  n’est pas une exception dans son œuvre, car on doit se rappeler que sa pieuse malice n’hésitait pas à se mesurer avec un sujet délicat entre tous, à savoir la coquetterie. Ses deux livres sur la toilette des femmes, dans le cadre de sermons, sont de véritables pamphlets, souvent fort amusants. A ces deux traités  ( de cultu feminarum libri II )  «  En vain vous travaillez à vous parer, en vain. vous appelez à l’aide les plus habiles artistes en coiffure. Dieu vous ordonne de vous voiler. C’est, je crois, pour qu’on ne voie pas la tête de quelques-unes d’entre vous » Il avait même indiqué déjà ses raison dans trois chapitres de l’opuscule sur la prière, où il tentait de démontrer que toutes les femmes devaient être voilées à l’Eglise. Evidement, il tenait beaucoup à cette règle de discipline, car il y consacra deux traités : l’un en Grec, qui est perdu ; l’autre en latin, que nous possédons. L’auteur y invoque la vision d’un Montaniste, qui déterminait la grandeur du voile : « le seigneur, dit-il, nous a fixé, même par des révélations, les dimensions du voile. En effet, une de nos sœurs, pendant son sommeil, a vu un ange qui lui frappait le cou, comme tu as raison de le laisser nu !  Allons ! découvre-toi depuis la tête jusqu’aux reins ! tu ne seras pas plus coupable qu’en montrant ton cou » Cette vision singulière s’explique par le souvenir des sévérités Montanistes, qui justifiaient ses propres idées.

Cette question du voile partageait alors les esprits dans l’église de Carthage. Il n’y avait pas là-dessus de tradition établie, ni de règle uniforme. L’usage variait suivant les régions. En Orient, depuis les temps les plus reculés, les femmes de toute race et de toute religion ne se montraient presque jamais à visage découvert. Tertullien cite, entre autres, l’exemple des femmes arabes : comme aujourd’hui dans la plupart des pays musulmans, elles s’enveloppaient entièrement la tête, et ne laissaient voir qu’un œil: judica-bunt vos Arabie femine ethnicae, quae non caput, sed faciem quoque ita totam tegunt, ut uno oculo liberato contentae sin dimidiam frui lucem quam totam faciem prostituere.

De même, les juives ne sortaient que voilées ; et même on les reconnaissait à la forme de leur voile : apud judaeos tam sollemne est feminis eorum velamen capitis, ut inde noscantur. Dans beaucoup d’Eglises Grecs, la même règle s’était imposée à toutes les chrétiennes. Mais dans les communautés d’Occident, la discipline était beaucoup moins rigoureuse. Sans doute elle obligeait les femmes mariées à porter le voile, suivant la coutume juive et Orientale ; mais elle en exemptait souvent les vierges. On sait que les vierges formaient alors un groupe distinct. A l’église elles étaient séparées des autres  fidèles par une barrière (cancellus) dont l’existence est attestée précisément par une inscription, et elles avaient certains privilèges. Voici donc quelle était la coutume à Carthage, au commencement du III e siècle, Les chrétiennes mariées ne se montraient, hors de chez elles, que voilées ; quelque vierges faisaient de même, par scrupule de pudeur ; d’autres gardaient le voile dans les rues et l’ôtaient à l’Eglise ; d’autres, enfin, ne se voilaient pas du tout, sans que la majorité des clercs et des fidèles y trouvât à redire. C’était donc, pour les jeunes filles, le régime de la liberté.

      Tertullien en veut à cette liberté. Il prétend soumettre les privilégiées à la règle commune. Il est obligé de renoncer, cette fois, à sa tactique ordinaire ; Il n’hésite donc pas à battre en brèche la tradition qui « presque toujours, est née de l’ignorance ou de la crédulité, s’est fortifiée peu à peu par l’habitude, et fini par être invoquée contre la vérité. Il oppose l’usage à l’usage et demande qu’on examine la question en elle-même Il découvre trois sortes de raisons qui obligent les vierges à se voiler. »

D’abord les raisons naturelles : les unes morales, les autres physiques, même physiologiques, parfois bizarres et d’un goût douteux. Puis les textes de l’Ecriture : les prescriptions de saint Paul, que l’on veut appliquer seulement aux femmes mariées, visent en réalité toutes les femmes sans exception. Enfin les nécessités de la discipline ecclésiastique : les vierges ne peuvent s’affranchir des règlements relatifs aux femmes ; elles doivent se voiler, du jour où elles cessent d’être enfants, et se voiler dans l’assemblée des fidèles comme dans la rue, car c’est le seul moyen d’éviter une foule de dangers. Ainsi la discipline, les Livres saints, la nature sont d’accord ici contre la coutume et imposent une révision du règlement. Mais Tertullien tient à convaincre aussi les intéressées. Il adresse donc aux femmes un petit sermon : « Il me reste encore à me tourner vers elles pour qu’elles acceptent plus volontiers cette réforme. Je t’en prie, mère, sœur, ou jeune fille, suivant le nom qu’on doit te donner d’après le nombre de tes années . Je t’en prie, voile ta tête; mère, à cause des fils; sœur, à cause des frères; fille, à cause des pères. Tu fais courir un danger à tous les ages. Revêts l’armure de la pudeur ; élève autour de toi  le retranchement de la modestie, abrite ton sexe derrière un mur, qui ne laisse point échapper tes regards ni pénétrer ceux d’autrui. Complète ta tenue de femme, pour conserver l’état de vierge ». En terminant, Tertullien ne peut se retenir de donner un bon conseil, même aux femme mariées. Celles-ci se voilaient, en vérité, mais parfois de telle façon que le diable n’y perdait rien :Elles transformaient leur voile en un bandeau fixé sur le front, ou le remplaçaient par une coiffe légère qui arrivait à peine jusqu’aux oreilles. L’auteur, qui n’est pas galant, compare ces coquettes aux autruches qui, en cas d’alerte, croient s’être  suffisamment cachées en enfonçant leur tête dans un fourré. Il veut que le voile, enveloppant toute la tête et le buste descende aussi bas que la chevelure tombant en liberté. On ne sait si ces prescriptions rigoureuses ont empêché la coquetterie de tourner le règlement.

 A une quarantaine d’années de distance, en 249 au début de son épiscopat , saint Cyprien écrit son traité de habitu virginum qui est une instruction pastorale ou un allocution adressée aux vierges consacrées à Dieu . L’auteur veut les mettre en garde contre les dangers de la coquetterie. Après un éloge pompeux de la discipline chrétienne, il rappelle que tout fidèle doit considérer son corps comme le temple de Dieu. Les vierges occupent dans l’Eglise une place d’honneur, mais elles courent de grands périls. Elles ne doivent pas se parer pour les hommes ; elles ne doivent plaire qu’à Dieu. La richesse n’est pas une excuse ; car les riches doivent faire un meilleur usage de leur fortune. D’ailleurs, la parure ne convient pas à une honnête femme. Tous les artifices de toilette sont des invention diaboliques, et c’est une impiété de changer l’œuvre de Dieu. Les vierges doivent éviter toutes les distractions profanes ; elles ne doivent pas assister aux noces, ni fréquenter les bains publics. En terminant, l’orateur les exhorte à se montrer toujours digne de leur situation privilégiée.

Considéré en lui-même, l’opuscule ne manque pas d’agrément. Mais il ne renferme presque rien de nouveau. Cyprien imite en même temps deux traités de Tertuillien : tantôt le de virginibus velandis, tantôt le de culta feminarum. Les emprunts de détail sont fort nombreux. Des développements entiers même ne sont guère qu’une paraphraste du texte de Tertullien : ex. les railleries sur les artifices de toilette et les modes extravagantes, sur l’usage du fard, des pendants d’oreilles et autres bijoux, sur la manie de se peindre les yeux ou de se teindre les cheveux, sur toutes ces inventions bizarres dont les femmes du temps usaient et abusaient au point de se rendre méconnaissable. Pour dire que toutes les idées, tous les arguments, les exemples même les plaisanteries, tout est pris à Tertullien. Seulement Cyprien dispose autrement les matériaux adoucit les ton trop violents, ajoute quelques conseils.

 

 

 

Le Voile des Femmes  

   Le Voile de l'Oblation

  Les mains Voilées

 cro-pri-ima-pie-01-h[1]

 

 

 

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